Il paraît qu’on peut faire dire ce qu’on veut aux chiffres. Le débat sur les antennes-relais au Kremlin-Bicêtre en est une illustration. Sous la pression des associations écologistes, comme Priartém ou Cap 21, la ville a commandé une étude des champs magnétiques auxquels les antennes-relais de la ville exposent les Kremlinois.
Vingt-quatre relevés ont été effectués entre mai et juin. Lors du bureau municipal, mardi, les élus se sont félicités des résultats et prévoient de les publier d’ici peu. Les associations, elles, expriment leur inquiétude.
Des valeurs limites jugées inatteignables
« Les mesures montrent que les niveaux d’exposition sont très inférieurs au seuil fixé par la loi, se réjouit Jean-Louis Boulanger, adjoint au maire, Jean-Luc Laurent (MRC), chargé de l’environnement et du développement durable. Nous sommes sensibles au principe de précaution mais ces taux sont vingt, trente, voire plusieurs centaines de fois inférieurs au seuil légal. »
En moyenne, ces mesures ont décelé une intensité de champ magnétique souvent inférieure à 1 volt par mètre. Des chiffres que l’on retrouve dans les villes voisines d’Ivry ou de Villejuif, loin des 41 V/m fatidiques, fixés par un décret de 2002.
« Les valeurs limites fixées par la loi datent de plus de huit ans. A cette époque nous ne savions rien sur la nocivité des ondes, rétorque Marc Arazi, médecin, membre de l’association Priartém et collaborateur du Grenelle des ondes. Ces valeurs limites sont inatteignables! » Les associations s’appuient, elles, sur des travaux scientifiques qui préconisent de ne pas dépasser 0,6 V/m. Dans certains secteurs, comme la rue Bergognié, la rue Marcel-Sembat et la rue de Verdun, les taux varient entre 2,5 V/m et 4 V/m.
Les associations kremlinoises exhortent la mairie à créer une commission qui regrouperait élus, associatifs et responsables des opérateurs téléphoniques. « Pour le moment, au vu des résultats, cela ne nous paraît pas nécessaire », tranche Jean-Louis Boulanger. L’élu est moins catégorique face au souhait des associations d’obliger les opérateurs à consulter les habitants des immeubles HLM sur lesquels ils plantent leurs antennes. « Elles sont toutes sur des HLM, regrette Alain Boulanger, le président de la Fédération des locataires et des citoyens. Dans le parc privé, il faut l’unanimité des propriétaires. Les opérateurs préfèrent donc les HLM, c’est moins compliqué. Il faudrait que les locataires aient aussi leur mot à dire. » Au Kremlin-Bicêtre, le débat sur les antennes-relais n’est pas fini. Il pourrait même redoubler d’intensité.