Dans un rapport parlementaire publié mercredi, le député Alain Gest plaide pour «une approche rationnelle des risques».
Permis de construire pour les antennes-relais, instauration d'une taxe de 0,25 € sur chaque téléphone vendu pour financer les recherches épidémiologiques, équiper les portables d'une oreillette rétractable pour réduire l'exposition : telles sont les propositions phares du rapport «Téléphonie mobile, technologie sans fil et santé» présenté mercredi après-midi par le député UMP de la Somme, Alain Gest.
Destinataire de ce document de 205 pages, l'Office parlementaire d'évaluation des choix scientifiques et technologiques (Opecst) a également souhaité que le débit d'absorption spécifique, le fameux DAS qui mesure le niveau de radiofréquences émis par le portable vers l'usager, soit affiché sur le téléphone même et non plus sur les lieux de vente comme le prévoit le décret actuellement en préparation.
Sur ce sujet très controversé, Alain Gest insiste, avec des accents très gaulliens, sur l'«ardente obligation» de «réconcilier développement technologique et protection de la santé». Plaidant pour «une approche rationnelle des risques», comme «principe de base souhaitable», il rappelle le «quasi-consensus» des scientifiques «sur l'innocuité des antennes-relais et des technologies sans fil», comme le Wi-Fi, et «l'absence d'un risque sanitaire avéré» lié à l'emploi des téléphones portables.
Pour le député de la Somme, il importe de «réaffirmer la distinction entre l'exposition à la téléphonie mobile et l'exposition aux antennes-relais». Si le principe de précaution doit s'appliquer aux portables, notamment vis-à-vis des jeunes enfants pour lesquels on dispose encore de peu de données, il convient de se limiter à un «principe d'attention» aux riverains des antennes-relais. Pas question donc d'abaisser les valeurs limites d'exposition comme le réclament certaines associations.
En revanche, le parlementaire propose, dans un souci de concertation, d'assujettir «la demande d'installation des antennes-relais à la procédure du permis de construire». Avec la possibilité pour les maires «de faire procéder à des mesures de niveaux d'exposition» avant et après. Reste à définir, comme le souligne Olivier Borraz, directeur de recherche au Centre de sociologie des organisations du CNRS, «les bases légales sur lesquelles les maires pourront refuser l'implantation d'une antenne dès lors que le dossier est conforme à la réglementation».
Alain Gest propose également de développer les recherches sur les causes des problèmes rencontrés par les personnes se déclarant électrohypersensibles, sachant «qu'aucun lien n'a été établi entre les troubles allégués et la présence des ondes», précise au Figaro le professeur André Aurengo, de l'Académie de médecine. Alors que ce dernier salue «une réflexion intelligente et courageuse», les associations Priartem et Agir pour l'environnement dénoncent «un rapport politique qui préconise un statu quo inacceptable en matière de seuils d'exposition».